Trois couleurs
L’invité du jour : Nicolas Nova (Haute École d’Art et de Design, Genève)
Genève, septembre 2013.
Trois écritures, trois couleurs, deux langues, des lettres de tailles différentes, des flèches, des majuscules, des minuscules, un renvoi vers une note via un astérisque, et évidemment des fautes d’orthographe, des ratures ainsi que des écueils évidents de traduction vers la langue locale. Telle est l’impressionnante diversité d’éléments découverts lors d’un passage à proximité de cette institution genevoise qu’est le Moulin Rouge. Si la page A4 indique l’existence d’un problème de poubelle, c’est la friction linguistique qui attire l’oeil. C’est sur le terrain de l’orthographe et de la syntaxe que la joute a lieu. La séquence s’est déroulée en quatre temps. C’est d’abord un message dactylographié, qui est alors commenté par un individu n’ayant pas apprécié l’approximation. Mais qui a ensuite eu le mot de la fin: s’agit-il de la bonne âme qui a ajouté la note avec astérisque ? Ou bien est-ce le défenseur de la demande originelle attestant de la compréhension malgré les fautes ?
On peut ajouter que le contexte genevois est différent de celui de la France car en Suisse romande, le français est une langue minoritaire qui se débat contre la majorité germanophone, les gens s’irritant souvent des mauvaises traductions en français au sein de pubs ou de documents officiels.
L’irritation que l’on perçoit de la part de l’interlocuteur francophile prend encore un autre sens, quelques mois avant la votation qui a favorisé le 9 février les quotas d’immigration et exprimé une xénophobie persistante en Suisse – même si la Suisse romande et la Suisse urbaine ont été les moins favorables à cette proposition.