ISSN : 2266-6060

Hommage

scriptoBravo

Normandie, novembre 2010

De loin je crus d’abord qu’il s’agissait de l’une de ces annonces que les propriétaires de chats perdus apposent un peu partout pour retrouver leur chère compagnie ; desespérés, certains n’hésitent pas à promettre une belle récompense. Puis, apercevant la photographie d’une femme en maillot de bain et le portrait de ville, je crains le drame et la disparition d’une nageuse sur cette plage de Normandie déserte en cet fin d’après midi d’automne. Comme dans les aéroports, dans les ports, dans le lieu qui fait frontière, on expose les manquants : les enfants enlevés, les adolescents fugueurs, les disparus. Bouteille à la mer.
Mais sur ce mur de la grande promenade, ce n’est pas ces écritures de la détresse et de l’absence qu’y ont été exposées mais une plaque commémorative ; une plaque a été placée là à la gloire d’une figure locale : Louise Levionnois sauveteuse. Heroïne normande, L.L. l’est assurément (n’a-t-elle pas été récompensée en Sorbonne en mai 1938 ?) et cette présence, face à la mer, semble désormais protéger à jamais les baigneurs de la plage. Les maîtres nageurs ne sont pas ici seulement aidés par leurs muscles et leurs bateaux, ils ont grâce, à ce panneau, l’expérience de Louise.
Reste une question : pourquoi cette plaque est-elle de papier ? pourquoi ne ressemble-t-elle pas à celles apposées en souvenir des jeunes soldats alliés qui débarquèrent là en juin 1944 ? Le choix du support offrait certes plus de possibilités graphiques que la pierre (couleurs verte et rouge, reproduction des photographies) ; certes, le soin apporté à la plastification du document le protégeait de l’embrun. Pourtant, en regardant cet objet, je ne pus m’empêcher de croire à un canular. Eternel sérieux de la pierre.



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