ISSN : 2266-6060

Gare fantôme

controleur

Saint-Saturnin-les-Avignon, juin 2013

Trouver la gare n’a pas été difficile, il suffisait de suivre les voies s’éloignant du centre du village. Mais une fois arrivé, les repères habituels sont brouillés : ce bâtiment doit être ce qu’on dénomme habituellement « la gare », mais il est muré de toutes parts. Nul guichet doté d’un fonctionnaire humain ou de composés électroniques derrière un écran tactile pour vous accueillir et il faut passer sur le côté pour accéder aux quais. Là encore, tout est vide, pas de dépliants, pas de publicités, ni même de typiques horloges SNCF. Deux panneaux indiquant seulement les directions principales de part et d’autre d’une voie que rien ne nous empêche de traverser. Il faut arriver sur le quai d’en face pour apercevoir un écran LCD donnant des informations aux voyageurs, cinq mètres au-dessus du niveau du sol, sans doute pour prévenir toute dégradation.
Ici, il n’y a plus de mainteneurs, ou seulement de temps en temps. Aussi la gare ressemble à ces villes désertées après la ruée vers l’or. Et pourtant des trains y passent et même s’y arrêtent, des voyageurs montent et descendent. Ils ne sont juste plus tenus par les règles qui ont cours ailleurs, là où les machines et les hommes les guident, poinçonnent, contrôlent, indiquent, empêchent, avertissent, répondent à leur demandes. Et ce panneau est là pour leur apprendre que dans le Far West des petites gares abandonnées, il n’y a plus de shérif ni de banque, il faut monter dans le train même sans composter, même sans posséder de billet, comme à l’époque des locomotives à vapeur.
Mais, une fois monté, trouvera-t-on un contrôleur ou le train sera-t-il lui aussi fantôme ? A quel instant quitterez-vous ce monde abandonné pour rejoindre celui qui vous était jusqu’alors familier ?



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