ISSN : 2266-6060

Vases Communicants – Kill Me Sarah : Every picture tells a story

Le vent secouait les herbes comme il faisait voler les cheveux devant les yeux des filles il y a bien longtemps. Ça sent l’été et la chaleur. On devine une lumière claire et limpide derrière les brins d’herbe, de celle que l’on ne voit pas ici en ville. Derrière il y a la mer, une mer intérieure, elle se fond dans le ciel.
C’est toujours étonnant les images. Il ne faut pas grand chose pour en modifier le sens ou la perception. En couleur, l’herbe fait comme un voilage délicat au bleu du golfe et du ciel. C’est la mer qui l’emporte et fait presque disparaître les brins d’herbe du champ de vision.
Teinté en sépia, l’image évoque indubitablement les pochettes des albums des Red House Painters et la mélancolie des chansons de Mark Kozelek.
En changeant la couleur du filtre coloré, le ciel s’assombrit, l’herbe se transforme en traits sombres inquiétants, comme les barreaux d’une prison imaginaire, les nuages prennent des aspects menaçants. Encore un changement de couleur de filtre et elle semble prise à la tombée de la nuit.
Là c’est différent. La lumière semble ancienne, une lumière légèrement usée. Une lumière de joie et d’insouciance. Comme si elle datait de vacances, enfant, avec les parents, où l’on s’allongeait dans l’herbe pour regarder le monde sous un angle différent. Une époque où l’on ne se demandait pas encore ce qu’il y avait vraiment après la barrière de brins d’herbe, juste après. Le monde. De toute manière il suffisait de se relever et de courir dans le champ qui ne manquait pas de se trouver derrière soi pour tout oublier. On a perdu au fil du temps, sa capacité à oublier le monde et tout ce qui va autour. C’est ça aussi qui nous pèse.
C’est ce qu’elle veut nous dire cette lumière sur les herbes brassées par le vent. Une lumière qui a gardé un peu de la saveur de certains instants.
Every picture tells a story. Il y a une vieille chanson qui dit ça. Chacun pourra y voir sa propre histoire. Même sans changer le rendu de l’image.

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Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de Vases Communicants : chaque premier vendredi du mois, un auteur écrit sur le blog d’un autre et vice-versa, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement.
Aujourd’hui, Scriptopolis reçoit Kill Me Sarah, vous pouvez donc retrouver notre texte chez lui.




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