ISSN : 2266-6060

Séparations

Padoue, mai 2011.

La bicyclette a récemment fait l’objet d’un réinvestissement en tant que technologie de déplacement « verte ». Dans de nombreuses villes du monde, l’usage du vélo a augmenté de manière exponentielle durant la dernière décennie, à travers notamment les systèmes de vélos en libre service. En conséquence, de nombreuses infrastructures dédiées ont proliféré qui ont transformé l’apparence des lieux urbains : les espaces ont été réorganisés à travers une série de nouvelles marques, pistes, lignes blanches… Ce processus de réordonnancement n’est pas uniquement dédié aux infrastructures physiques. Il a également complexifié la séparation des unités véhiculaires, promouvant l’existence de certaines entités et limitant celle d’autres. D’une certaine manière, il prolonge les “querelles de trafic” qui ont émergé au cours de la reconstruction des rues aux noms des automobilistes dans les premières décennies du vingtième siècle.
Bien entendu, les conflits pour définir et redéfinir ce pourquoi les rues sont faites prennent place dans les différents services de la ville, les campagnes d’usagers, les manifestations… Mais ils sont aussi visibles dans les espaces urbains eux-mêmes. Les règlements qui résultent des débats et des décisions juridiques pour répartir les espaces publics selon les types de véhicules et les personnes sont littéralement objectivés dans diverses inscriptions: ils sont écrits à même la surface des infrastructures de chaque site, comme les instructions inscrites sur différents panneaux dédiés aux objets en circulation. Ici la piste cyclable est matérialisée par les lignes jaune et blanche et le dessin du vélo. Et la flèche blanche indique de tourner à gauche afin d’éviter la barrière métallique. L’espace pour passer est si étroit qu’on doit presque s’arrêter et descendre du vélo. Clairement, le cycliste est sommé de faire attention à un autre usager de la ville qui est crucial dans la compétition pour l’espace public : les pétions qui sortent régulièrement de l’entrée de l’université à droite après la barrière.



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