ISSN : 2266-6060

Mondialisation

Issy-les-Moulineaux, décembre 2020.

Parmi les équipements graphiques du marché, la mention de l’origine géographique des produits frais a permis de transformer sensiblement l’acte d’achat pour certaines consommatrices et consommateurs. À partir de cette précision devenue obligatoire, il leur est désormais possible d’ajouter une dimension géopolitique à leurs courses, en faisant peser dans la balance non plus seulement le prix des denrées, mais aussi ce que l’on sait des conditions de leur production dans tel ou tel pays, que ce soit sur le plan sanitaire ou celui des droits du travail. Bien sûr, elle permet aussi de prendre en considération la distance que les produits ont parcourue avant d’arriver dans le rayon, indice précieux pour en évaluer l’empreinte carbone. L’inscription peut aussi faire office d’instrument pédagogique. Apprendre d’où viennent certains fruits ou légumes en fonction des enseignes et des périodes de l’année aide à prendre la mesure des chaînes d’approvisionnement sur lesquelles repose notre alimentation. Parfois jusqu’au vertige, tant celles-ci sont denses et peuplées d’intermédiaires qui brouillent les frontières et rendent plus difficiles encore les efforts de traçabilité en régime de mondialisation. Ici, ils sont réduits à l’usage d’un « ou » bien lâche, et quelque peu frustrant. Pour autant l’apprentissage n’est pas complètement empêché, et pourrait même se transformer en jeu, pour peu que l’on accepte de se plier au hasard de la liste étendue des provenances. Saura-t-on deviner d’où vient chacun des avocats de l’étal sans l’aide d’aucune étiquette supplémentaire ?



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