ISSN : 2266-6060

Zones

pedestrian

Los Angeles, novembre 2015.

Il est facile de comprendre ce que font les panneaux à l’espace : ils participent à en faire un lieu. Les panneaux performent des territoires, des juridictions, c’est-à-dire des portions délimitées de terre qui sont non seulement nommées, mais aussi organisées, voire politisées. Une fois que l’on passe un panneau, on est censé comprendre où l’on est, savoir quelles règles suivre, connaître les comportements interdits, ceux qui sont attendus. Mais l’action des panneaux est en fait bien plus large que ça. En démarquant des sites, ils performent aussi le reste du monde, en tout cas au moins les environs, qu’ils désignent implicitement, mais très clairement, comme « ailleurs. » Comme lieux différents, au sein desquels les choses ne sont pas exactement les mêmes. Cette production de l’espace à double sens est frappante quand on roule à Los Angeles, surtout si l’on vient d’un pays européen. Dès que l’on se trouve face à un panneau qui précise « zone de sécurité pour les piétons », on réalise ce que cela veut dire. En dehors des autres zones restreintes qui arborent des panneaux du même genre, la ville est un gigantesque territoire où les piétons sont officiellement en danger.



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