ISSN : 2266-6060

Surveillance

Athènes, mai 2022.

L’hôtel international était très classique : masse cubique d’une douzaine d’étages, situé dans un quartier semi-excentré avec « vue sur la mer » pour la moitié des chambres, c’est-à-dire la possibilité de regarder au loin la zone portuaire. Porte tournante à l’entrée, un bagagiste/voiturier et deux personnes à l’accueil, en uniforme, pour s’assurer la bonne entrée et sortie des clients. Seuls les masques portés par chacun rappellent qu’ici l’épidémie de COVID-19 n’est pas considérée comme terminée.
En attendant une collègue dans le hall, un écran de télévision attire l’oeil : pas de chaîne d’information en continu, ni de publicité institutionnelle, mais la retransmission d’une caméra de surveillance qui vise la porte d’entrée. Rien d’étonnant, cela permet au personnel d’accueil de percevoir indirectement les clients qui arrivent. Mais qu’un humain apparaisse dans le champ et soudain des carrés apparaissent en surimpression, entourant des visages, montrant qu’un programme de reconnaissance des formes est à l’oeuvre. Ces carrés prennent une couleur verte alors qu’une série de chiffres apparaît à côté : 35.2°C, 36.1°C. Le graphie est anglaise, mais l’unité est bien internationale : à la reconnaissance de forme est associé une mesure de température, le vert marquant les entités considérées comme saines. Sur le côté, des écrans enregistrés qui inscrivent les derniers passages, avec des températures de 25°C qui marquent les limites du dispositif de mesure instantané.
Alors, j’attends impatiemment qu’un carré rouge apparaisse à l’écran, mais en dépit d’une trentaine de passages, le vert demeure uniforme. Aucun client n’a porté attention à l’écran, pas plus que les personnels d’accueil. En épidémiologie, on appelle cela de la surveillance passive.



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