ISSN : 2266-6060

Nourriture

Nourriture

Paris, juin 2016.

La salle de classe était vide, sans tables ni chaises. Elles avaient été transportées dans un gymnase, afin d’accueillir les candidats au baccalauréat. Mais, dans un coin, près du tableau, restait une trace de la préparation à l’examen : une feuille blanche rappelant les consignes alimentaires. S’il n’était plus nécessaire de dire que les ordinateurs et téléphones étaient bien interdits en raison de leur mémoire quasi-infinie et des moyens de communication avec l’extérieur qu’ils contenaient, il fallait encore mieux définir l’écologie du lycéen en examen.
Comme toute consigne publique, cette affiche est autant destinée aux contrôleurs qu’aux contrôlés, listant précisément ce qui est autorisé et ce qui est interdit, ne laissant donc aucune place, pour ses concepteurs, à une négociation en contexte. Le nombre de bonbons et le volume d’eau sont précis, et tout dépassement entraîne une sanction irréversible, bien que peu compatible avec la limitation du gaspillage alimentaire ou l’élection nutritionnelle des fruits et légumes.
Si le régime de surveillance tolère que les corps aient d’autres besoins que la lecture, l’écriture et le calcul, il ne s’agit pas que ceux-ci gênent la vision panoptique ou perturbent la concentration par divers bruits d’emballage plastique ou de gaz de canette. Mens sana in corpore sano.



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