ISSN : 2266-6060

La liste

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Paris, décembre 2011.

Ce type a écrit des centaines de chansons. Depuis les années 1980, il a tenu un rôle crucial dans la musique underground américaine. Une véritable légende. Pourtant, ce soir-là, nous n’étions qu’une petite vingtaine pour le voir jouer. C’était un peu gênant. Avant que la première partie ne commence, l’ami avec qui j’étais me dit qu’à l’heure des nouvelles technologies de la communication, il avait imaginé que tout le monde était au courant de ce concert. Mais finalement, il doutait de l’efficacité des réseaux sociaux. Il commençait à penser qu’il aurait peut-être dû faire ce qu’il avait fait vingt ans plus tôt, quand le chanteur qui était une star à nos yeux était venu pour la première fois à Paris : il était tellement excité qu’il avait imprimé ses propres tracts et les avait distribués quelques jours avant le concert.
Quand la première chanson a commencé, il était tellement généreux, ses paroles remuaient tellement de souvenirs et d’émotions en moi que je ne me suis plus soucié de combien nous étions, ni de rien d’autre. Après qu’il ait joué l’une des chansons les plus importantes de ma vie (celle qui parle d’un ange aux yeux marrons, plus beau encore que Jodie Foster), j’ai réalisé que je souriais comme un gamin, pas très loin de fondre en larmes. Puis, j’ai remarqué la liste des titres à ses pieds. Peut-être que si j’arrivais à la lire, je pourrais savoir à l’avance lesquelles de mes autres chansons favorites il allait chanter. Mais la musique reprenait déjà et je reconnus les premiers mots de The Sunny Side of Street. Je décidai de ne pas quitter des yeux son visage enfantin de vieux chanteur de rock. Effectivement, c’était bien mieux.
Plus tard, nous sommes allés le voir, nous l’avons remercié. Et je n’ai pas eu le courage de lui demander la liste.



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