ISSN : 2266-6060

Comique

campoformio

Paris, avril 2010.

La signalétique, dans le métro comme ailleurs, est généralement une affaire de normes. La plupart des concepteurs pensent systèmes, modules. Les panneaux sont intégrés dans un ensemble cohérent de signes reconnaissables parmi les nombreuses autres espèces graphiques qui peuplent le territoire qu’ils occupent. Associés à des politiques d’architecture et de design privilégiant la propreté et l’effacement des différences, ils opèrent une stabilisation graphique de l’environnement. Leur omniprésence, jusqu’en montagne, produit des espaces hybrides, à la fois textes, bâtiments et paysages. Et il suffit d’éprouver leur absence pour comprendre que l’orientation est aujourd’hui une activité distribuée au sein de laquelle les signes standardisés ont progressivement pris une place essentielle.

En termes d’espace public, cela soulève évidemment de nombreuses questions et l’on peut s’interroger sur ce que produit cette politique de l’attention qui nourrit l’omniprésence de modes d’emploi et de mots d’ordre. Heureusement, notamment parce que cette stabilisation du monde repose sur une division du travail complexe et des opérations d’installation et de maintenance délicates, les dispositifs ne sont pas sans faille et l’on n’est jamais à l’abri de surprises. On pourrait pourtant croire que la police de caractère, le Parisine, était l’élément le plus sacré de la signalétique du métro et que si elle était remplacée par erreur, c’était au moins par une typographie approchante empruntée au métro de New York. Mais là, tout de même, la plaque du nom de station, pierre de touche du dispositif, en Comic Sans ? C’est un peu comme dans un rêve, non ?



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