ISSN : 2266-6060

Bâtir sur du sable

sable

Vallée de la Maurienne, juin 2013

Cette photographie a été prise avec un « nouvel iPad », couteau suisse numérique dont la sophistication a rendu obsolète son prédécesseur pourtant encore à la pointe douze mois plus tôt. Les deux ont en commun de contenir du sable, composant essentiel de cet écran de verre sur lequel les doigts exercent une pression pour enregistrer des images dans une mémoire électronique. Entre les grains rugueux présents en masse près de ce panneau et la paroi lisse sous les doigts, des machines ont produit de la chaleur puis un refroidissement brutal.
Les sables et les cailloux ont toujours été là, comme presque partout sur la Terre, jusqu’à ce que nous nous en emparions et marquions cette appropriation. Ici, cela fait donc 50 ans que l’on creuse le sol, que l’on filtre et tamise jusqu’à obtenir des cailloux et sables réguliers, destinés à mille usages et clients. Ou peut-être l’exploitation était-elle déjà effective depuis plusieurs siècles, les héritiers d’un récent acquéreur décidant soudainement d’affirmer leur possession, et transformant, à l’image d’autres commerces, cette durée en gage de qualité.
Mais cette longue histoire peut prendre fin : le sable devient désormais une ressource rare, et les carrières, tout comme les plages, s’épuisent à force de notre voracité bétonnière et électronique. Ce panneau ne sera bientôt plus la marque d’une mémoire vivante à entretenir, mais celle, fugace, d’un souvenir.



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