ISSN : 2266-6060

Être humain

Saint-Germain-Laval, avril 2011.

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Et où allons-nous ? Voilà maintenant plusieurs siècles que ces questions traversent et travaillent la plupart des théories philosophiques. Qu’elles se revendiquent ou soient étiquetées comme évolutionniste, existentialiste, humaniste, éthique, analytique… la définition de l’humain demeure problématique. C’est une énigme encore et toujours en suspens. Le scriptopolien est donc d’autant plus surpris, et amusé à la fois, de voir que ces différentes propositions n’avaient pas encore totalement trouvé la voie. Pourtant le chemin existe bel et bien, et la solution est à portée de main : ici, face à nous. Mais que recouvre précisément ce “ici” ?
Version 1 : l’humain est ici. Au bout de ce chemin. La flèche l’indique assez clairement. Aucun doute n’est possible. Pour autant, sommes-nous vraiment prêts à nous aventurer sur cette route ? La réponse à tant d’années de réflexion semble si simple et si facile. N’allons nous pas être déçus de ce que nous trouverons ? La curiosité sera-t-elle plus forte que la peur ou l’effroi d’être enfin face à ce que nous sommes ? Sommes-nous suffisamment matures pour affronter la dialectique de la mêmeté et de l’ipséité ?
Version 2 : l’humain est ici. Dans le regard porté sur ce panneau indicateur. C’est lui qui confère à ces traits le caractère d’un mot. C’est lui qui érige la plaque en une flèche pointant vers une direction. C’est lui qui donne un sens à cet artefact. Sans les capacités interprétatives de l’humain, ce morceau de métal ne dirait rien. Il resterait complètement inerte, absolument sans aucune signification.
Version 3 : l’humain est ici. Ni dans la direction indiquée, ni dans l’interprétation. Beaucoup plus simplement, il est ici, dans le panneau lui-même. L’humain est dans la forme des lettres tout autant que dans les matériaux qui composent cette tôle émaillée, flanquée d’encre et de vernis, accrochée à un cylindre métallique lui servant de pied, orientée face aux passants, disposée au seuil de ce chemin de terre régulièrement entretenu pour que les herbes ne viennent pas recouvrir l’inscription. Des années de savoir-faire, des doutes, des controverses, et des actes quasi quotidiens sont minutieusement repliés dans ce panneau. Il suffit de s’approcher pour entendre les innombrables voix de celles et ceux qui continuent de contribuer à son existence.
Version 4 : l’humain est ici. Dans ces différentes versions que l’équipe de Scriptopolis soumet à votre réflexion le temps d’un très bon été.



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