ISSN : 2266-6060

Empilement

staking

Paris, mars 2014.

Lorsque l’on change de logement, une large quantité de documents doit être accumulée et assemblée en différents fichiers. Contrats de vente et d’achat, offres de prêt, actes notariés, contrats d’assurance, compte rendu de l’assemblée générale, contrat de déménageurs, devis des travaux à réaliser, la liste semble interminable… et on a rapidement l’impression d’être totalement submergé par un tel flux de traces écrites. Cette expérience donne du crédit au sentiment habituel que la paperasse n’a aucun sens et est ennuyeuse. Remplir des formulaires, compiler différents types de documents, lire attentivement les clauses contractuelles, etc., toutes ces activités sont généralement ressenties comme une perte de temps. Cependant, il suffit de prêter un peu plus d’attention à cette paperasse et aux pratiques des gratte-papiers pour être surpris de ce qui est en jeu.
Au cours d’une simple situation d’offre de prêt, on passe en quelques minutes d’une identité à l’autre. En entrant dans la banque, on est perçu comme un futur client. Lorsque l’employé pose des questions médicales relatives au contrat d’assurance, on est brièvement un patient, puis une personne potentiellement assurée. Au moment où la question de l’emploi surgit, on est exclusivement appréhendé sur le versant professionnel. Lorsque la carte d’identité est demandée pour comparer la photocopie dans le dossier à l’original tendue dans la main, le statut de personne authentique est concrètement en jeu. Et quand vient le moment de prendre un stylo pour signer le contrat, il met en scène la partie juridique de chacun dans sa capacité d’agir en écrivant. En moins d’une heure, alors que les documents de la pile sont lus et discutés un à un, on passe séquentiellement par différents états, dont l’empilement est conçu comme la garantie de l’engagement le plus complet de la personne.



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