Certificat
Vallée de l’Ubaye, août 2020.
Les dangers font partie des objets sociaux les plus travaillés par l’écriture : signalisation routière, signalétique électrique, chimique, nucléaire, avertissement de toute nature sur les animaux hostiles, les plafonds trop bas, les vagues traitresses ou les pickpockets habiles.
Ces appels permanents à la vigilance servent le plus souvent à rendre plus visible ce qui pourrait ne pas être aperçu ou à rendre tangible ce qui demeure inaccessible à nos sens. Pour la COVID-19, les choses sont simples, vivez en ermite, ne touchez personne, lavez vous les mains, et si vous ne pouvez faire tout cela les masques vous montrent que le danger, ce sont les autres.
Face à l’incertitude et aux risques de contamination, on ne trouvait guère de marque de réassurance ou d’écrits susceptibles de désigner des zones sures; du moins, jusqu’à la découverte de cette affiche accolée à la porte d’un centre de vacances. Elle annonce le résultat d’un « Audit d’évaluation du risque sanitaire » qui conclut à un risque faible. Si vous ne croyez pas ce diagnostic, un QR code vous permet de consulter l’intégralité du rapport !
À défaut de tests biologiques et de marqueurs sériques, le certificat produit à partir des procédures décrites suffit donc à rassurer. Magie de l’écrit qui annihile le pouvoir du virus désormais inactivé par un « sens interdit » en haut du certificat.