ISSN : 2266-6060

Bonne figure

Paris, janvier 2024.

On aurait aimé arriver quelques minutes plus tôt. Apprécier dans leurs formes initiales les inscriptions qui ne sont plus que traces de couleur étalées au-dessous des fenêtres. Mais il y a urgence. L’établissement scolaire a déjà ouvert ses portes. Les enfants arrivent, les plus petits accompagnés de leurs parents. Il faut effacer. À la vue de leurs gestes mal assurés et du matériel inadapté, on imagine que les agents à l’œuvre n’ont pas l’habitude. Ils semblent avoir du mal à rétablir la sérénité de façade qui règne habituellement dans cette rue du VIème arrondissement de Paris. Mais l’essentiel a été fait. Si dans les journaux, à la télévision, à la radio, les pires horreurs continuent d’être proférées sur ce qui se passe à l’intérieur, celles et ceux qui se sont permis de s’exprimer à même la pierre ont été réduit.e.s au silence. Illisibles.
Cela dit, en redescendant la rue le lendemain, on s’interrogera à nouveau. À vouloir effacer les mots dans la précipitation, l’opération improvisée n’a-t-elle pas raté quelque chose ? Ces grandes taches rouges qui persistent ne disent-elles pas encore mieux que toutes les interjections épigraphiques la situation de Stanislas, institution discrète mais centrale de la fabrique des puissants, aujourd’hui défigurée ? On peut l’espérer. Mais ne rêvons pas. Même si aucune intervention de nettoyage en profondeur n’est organisée, la pluie, le vent, les gaz d’échappement auront tôt fait d’atténuer les rougeurs à la surface de ce monde dans le monde.



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