ISSN : 2266-6060

Saudade

Lisbonne, juin 2009.

Au pied du monument, des fleurs, une couronne et surtout des centaines de plaques sont posées dans un désordre certain, des plaques de marbre avec un texte gravé de lettres dorées, des photos enserrées. Pour le voyageur ordinaire que je suis, c’est une certitude : il s’agit soit d’un autel funéraire, soit d’un lieu mémoriel. Il faut s’approcher et lire les inscriptions pour qu’un doute apparaisse. Même les plus minces notions de portugais permettent de reconnaître des mots toujours présents : « obrigado », « obrigada ». Ce sont donc des ex-voto, mais qui remercie-t-on ainsi ? Sont-ce les morts pour ce qu’ils ont accompli, pour les sacrifices qui ont sauvés ceux qui ont survécu? Et puis ce nom ou ces initiales qui reviennent : S.M., Dr Sousa Martins, parfois accompagné du portrait d’un homme moustachu. Qui est ce mystérieux docteur et pourquoi lui rendre ainsi hommage ?
De retour à l’hôtel, wikipedia éclaire ce mystère : il s’agit d’un médecin des pauvres ayant exercé au XIXe siècle, et ce ne sont pas ses patients d’alors qui sont responsables d’un tel hommage, mais des dévots qui lui ont attribué des guérisons miraculeuses bien après sa mort.
Nul besoin de croire aux forces invisibles de la science et de la religion réunies : le rassemblement de ces plaques est en lui-même une preuve de la victoire provisoire sur l’entropie.



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