ISSN : 2266-6060

Lecteurs


Marseille, novembre 2020

Les théories contemporaines des actes d’écriture incluent les lecteurs dans la fabrication de l’écrit, qu’ils soient imaginés, anticipés, cocréateurs ou citeurs. Mais la plupart des théories conçoivent des lecteurs charitables, qui accueillent les écrits avec une certaine bienveillance.
Les colleuses de féminicides écrivent pour choquer, faire prendre conscience, mobiliser, mais l’environnement de leur écriture, la rue, amène des publics à lire ce qu’ils ne souhaitent pas voir. Pire, la fragilité volontaire de ces écrits amène souvent à leur arrachage puis à leur disparition.
Que faire d’un lecteur malveillant ? Comment le toucher alors qu’il ne veut pas lire ? En l’incluant explicitement dans l’acte d’écriture, à la manière de l’adresse aux lecteurs des romans.
Aussi, après plus d’un an de collages, certains messages sont-ils directement destinés à ces lecteurs hostiles : la mise en visibilité des victimes fait alors place au rapport à l’écrit public, sa lecture, sa modification, sa destruction. Parce que pour arracher, il est d’abord nécessaire de lire.



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