ISSN : 2266-6060

Faire le mur

wall

Amsterdam, janvier 2013.

Les murs font partie intégrante des villes. Omniprésents, ils protègent les citadins, relient les bâtiments entre eux, bordent les voies de circulation, donnent une orientation générale à l’environnement. Faits de briques, de pierres, de béton, de tôle ou de planche en bois, ils contribuent silencieusement à l’ordonnancement des milieux urbains. D’ordinaire, on ne les remarque quasiment pas. Ils sont parmi nous sans qu’on y prête vraiment attention. En revanche, ils sont capables de véritables surgissements : au moment où ils prennent la parole et s’adressent aux passants. Leur relative inertie se transforme alors en une puissance d’expression remarquable. Placards, affiches, pancartes, enseignes, cartes, panneaux constituent les manifestations les plus courantes d’une telle mutation. L’architecture se double d’une dimension sémiotique qui en change radicalement le statut.
C’est aussi sur ce basculement que jouent celles et ceux qui interviennent directement sur le mobilier urbain et font des murs leur principal terrain de jeu. Lettrages, couleurs et différentes formes graphiques s’agencent de manières surprenantes, ils transportent les passants vers d’autres horizons esthétiques et politiques. Mais ces interventions nécessitent parfois de revenir plusieurs fois : “le mur est en cours”. Magnifique expression qui vise à prévenir les éventuels concurrents (colleurs d’affiches, graffeurs ou tagueurs) en quête d’une place attractive que le résultat final n’est pas atteint. Magnifique car elle désigne un positionnement dans la continuité du travail des précédents maîtres d’œuvre. Elle dit remarquablement que l’intervention n’est pas une “simple” couche anodine. Elle fait et refait littéralement le mur, elle le renforce par l’ajout d’autres matériaux à ses composants d’origine, elle entretient sa tenue comme sa teneur.



One Comment

  1. Etienne wrote:

     » I’m not a toy I just bomb a lot « 

Laisser un commentaire