ISSN : 2266-6060

Extension du domaine de la réflexivité

New York, mai 2007.

Un certain type de réflexivité semble caractériser notre époque. Non pas notre capacité à examiner mentalement nos propres actions ex-post (nous savons faire ça depuis fort longtemps), mais la possibilité que nous avons aujourd’hui à voir les choses auxquelles nous participons différemment. À avoir sous nos yeux des informations à leur propos. Pensez à la qualité de l’air, à la distance que votre voiture pense qu’il vous reste à parcourir avec ce qu’il reste d’essence dans le réservoir, aux statistiques en temps réel de votre site web, au nombre de caractères, espaces comprises, du texte que vous rédigez, au niveau de charge de votre batterie. Données, traces, mesures : autant de moyen de nous informer, de nous rendre plus puissants disent certains. Parce que maintenant nous savons. Et que nous pouvons donc décider, choisir. Sauf quand nous ne pouvons pas. Dans un avion par exemple, on peut se demander si l’affichage de la distance de l’appareil au sol, de sa position au-dessus de l’océan, ou de sa vitesse est une bonne idée. Ce jour-là, tandis que nous regardions sur l’écran devant notre siège cette boucle étrange que nous venions de faire en attentant d’atterrir à New York, nous avons plaisanté, espérant secrètement que tout allait bien. Mais depuis le crash du Rio-Paris, je ne cesse de me poser la même question : qu’avaient-ils tous sur leurs écrans ?



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