ISSN : 2266-6060

Enfin


Au milieu du monde, mai 2022.

Les mots d’abord indicibles. Les signes peu à peu exprimés. Les formes négatives. Les déplacements sémantiques subtils. Les indices pour préparer le monde entier qui ne sait rien encore. Qui n’a pas vraiment pu voir. Puis les tremblements, les doutes clairement énoncés. Les affirmations franches, les évidences traduites dans des termes précis. Non pas une décision ni un choix, un simple fait. Un état. Non pas une mutation, mais une réassignation, désormais urgente.
Rares hurlements quand ça ne passe pas. Quand les plis du langage des jours ordinaires tardent à se défaire.
Ensuite, il faut écrire. Écrire pour détricoter les fils des administrations attachantes, attachées. Écrire pour retendre la trame des identités de papier. Le prénom d’abord. Formalité simplifiée. C’est une belle étape. Cartes, vitale ou de fidélité, diplômes, formulaires, tout colle déjà un peu mieux. Et avec elles, les premières rayures sur l’acte de naissance. Passés 18 ans, c’est au tribunal qu’il faut soumettre un nouveau tombereau d’écrits. Traces, preuves, témoignages : le monde qui sait, désormais allié. Et puis parler, fier et droit, devant les juges. Redire l’évidence. Expliquer à nouveau l’état de fait.
Attendre quelques semaines encore, intranquille.
Et ce document, enfin, qui fait à lui seul toute une histoire.
Une histoire d’encres qui se chevauchent, de lignes qui se complètent, d’accords qui se modifient. Une histoire comme seul le droit sait les raconter.



Laisser un commentaire