ISSN : 2266-6060

Printemps

Paris, mars 2011.

Le printemps enchante le scriptopolien. Tandis que la nature s’éveille jour après jour, il détourne pour un temps son regard de l’écrit, attentif aux petites marques végétales de cette grande transformation, à la lumière, au chant des oiseaux, rêvant en secret d’une vie apaisée à la campagne. Mais voilà qu’au détour d’une cage d’escalier, il tombe sur cette pancarte qui elle aussi, à sa manière, témoigne de l’arrivée du printemps. Sauf qu’au lieu des promesses que font les jeunes pousses et les fleurs de forsythia, celle-ci ne fait qu’annoncer une action passée dont on ne sait rien de la nature exacte, de la violence. Elle dit que le droit est passé, sans doute à la date réglementaire. Avec un certain effroi, le scriptopolien réalise que cette affiche ne s’adresse pas seulement à ceux qui passeraient devant pour les informer de ce qui est arrivé ici. En indiquant un numéro de téléphone « pour récupérer vos affaires personnelles », elle parle aussi à ceux-là mêmes qui ont subi l’expulsion. Et qui ne savent peut-être pas encore que le printemps est arrivé.



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