ISSN : 2266-6060

Plis de l’histoire

Paris, décembre 2011.

Parmi les écritures publiques, les inscriptions épigraphiques occupent une place particulière. Elles sont généralement vouées à qualifier des lieux sur un mode explicite ou métaphorique. Les inscriptions flanquées au fronton de nombreux bâtiments peuvent être une sorte particulière d’enseigne : “Assemblée nationale”. Mais elles ont aussi vocation à transporter celles et ceux qui les regardent ou les lisent vers d’autres époques et d’autres sites. Elles assurent la mise en contact des simples mortels avec des entités divines, héroïques ou surnaturelles. Elles font ainsi le lien avec des valeurs qui traversent les âges et continuent d’habiter certains monuments. Le pouvoir des inscriptions ne procède pas uniquement de leur première installation. Il se joue également au cours des transformations qu’elles subissent au fil du temps : certaines sont restaurées pour prendre place au sein d’un tout autre monument, d’autres sont redécouvertes parmi des ruines et réhabilitées… Au cours de ces déplacements, elles acquièrent un nouveau statut et qualifient autrement le lieu qui les accueille. Face à l’inscription “Bombe d’Avion. 30 Janvier 1918”, on comprend plusieurs choses à la fois. L’inscription fait office de déictique singulier qui attache les trous dans les pierres à une date et la cause de leur présence. Ces trous ne seront pas rebouchés lors du prochain ravalement de façade. Au contraire, ils sont laissés volontairement pour rappeler les blessures affligées tant au bâtiment qu’à celles et ceux qui ont laissé leur vie durant cet événement historique.



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