ISSN : 2266-6060

Les normes et les liens

Paris, septembre 2020.

Profitant d’abord de l’intensité des flux mondialisés, le virus a très vite paralysé une grande partie des échanges. La mécanique de la logistique planétaire s’est trouvée profondément perturbée — grippée, elle aussi ; et certains secteurs d’activité, privés de leurs pièces détachées, ont pris la mesure de leurs dépendances. La liste de tout ce qui n’arrivait plus, de la Chine en particulier, mais dont on avait impérativement besoin, semblait sans fin.
Puis les échanges ont progressivement repris. Et de nouveaux produits essentiels ont fait leur apparition, inondant nos supermarchés, nos pharmacies, nos placards et nos poubelles : les précieux masques. Avec eux, de nouveaux signes. Les traces d’un autre monde de normes et de processus « qualité » dont on imagine qu’ils sont à la fois très semblables et pourtant différents de ceux qui ont cours de ce côté de la planète. Un petit morceau de papier, un tableau, plusieurs langues. Un « Made in China » qui apparaît sous un jour complètement nouveau. Et deux tampons, l’un bleu et l’autre rouge. On n’y comprend pas grand chose, mais on y reconnaît une preuve de conformité. On y voit aussi la marque très concrète de liens, de connexions qui restent difficiles à appréhender, mais qui pourtant semblent moins abstraites que pour beaucoup d’autres objets manufacturés en Chine.
S’ils n’accompagnaient pas ces fichus masques jetables qui nous mangent encore aujourd’hui le visage, on les trouverait presque beaux.



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