ISSN : 2266-6060

La voie active

voieactive

Grenoble, juin 2010.

Nos environnements urbains sont faits d’éléments tellement familiers que nous n’y prêtons quasiment plus attention : passages piétons, voies de circulation, bandes cyclables, places de stationnement, couloirs de bus… ne deviennent saillants qu’à partir du moment où ils font défaut et que nous jugeons leur présence utile, voire indispensable. C’est que leur force réside dans cette double opération : ordonner l’environnement en le découpant en zones distinctes et articulées les unes par rapport aux autres, assigner une place aux diverses unités véhiculaires qui sillonnent les espaces urbains en définissant très précisément leurs caractéristiques. Par exemple, une zone de stationnement n’est pas destinée aux mêmes entités selon qu’elle se décline en place de parking, livraisons, ou transport de fond. Chaque variante est réservée à un assemblage particulier qui correspond à l’entité qui convient : une personne-avec-une-voiture ici, un chauffeur-avec-un-camion-de-marchandises là, deux-agents-avec-un-fourgon-blindé ailleurs. Le résultat de cette double opération, qui consiste à concevoir simultanément un emplacement et un type d’usager, est bien souvent inscrite durablement dans le temps. Or, certains aménagements urbains sont plus subtils encore. Ils ne circonscrivent plus seulement une zone et un genre d’entités, mais prennent également en considération, comme ici, les conditions climatiques. L’assemblage requis s’élargit ainsi à d’autres entités, comme le gel ou la pluie, dont la présence est effective uniquement à certains moments et sous une forme particulière puisqu’elles sont érigées en facteur de risque. Refusant d’être ce jour-là une personne-à-pied-mise-en-danger-par-la-pluie, j’ai préféré profiter du soleil en empruntant un chemin de traverse.



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