ISSN : 2266-6060

Défausse

Clamart, mai 2019.

Ça commence à se savoir : ce n’est pas le remplacement des humains par les robots qui s’annonce à l’horizon de nos vies professionnelles, mais un déplacement du travail, une reconfiguration des places et des tâches de chacun. Cela fait d’ailleurs un bout de temps que nous composons avec les machines automatisées. Il suffit de passer un coup de téléphone à un service client quel qu’il soit pour s’en convaincre. Dans les premiers temps, nous devions anticiper l’organisation des services en sélectionnant la bonne touche. Aujourd’hui, il faut s’évertuer à prononcer correctement les quelques mots que l’on imagine pertinents et intelligibles par le système de reconnaissance vocale. Au travail, c’est encore plus ancien : les ouvriers, comme les employés de bureau ou les agriculteurs, passent leur temps à s’adapter à ce que des automates plus ou moins sophistiqués présupposent de la réalité et de leur propre activité.
Mais cette adaptation, ces anticipations ont des limites. Il faut parfois admettre que les robots se trompent dans les grandes largeurs. Et qu’alors il n’est plus possible aux humains de fermer les yeux ou de passer l’éponge. Dans cette pharmacie, on a organisé l’espace de travail comme si l’on souhaitait rappeler à tous cette vérité. Et dans un lieu qu’on imagine truffé de contrôles en tout genre, ce bac explicitement réservé aux « erreurs » de l’automate semble un bon moyen d’échapper à des sanctions injustes. Personne, chez les humains, ne doit se voir reprocher d’avoir sorti tel ou tel médicament du stock alors que c’est cet imbécile de robot qui a encore déconné.



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