C’est le four

Par notre invitée Élodie Boyer.

Le Havre, juillet 2025.

On m’a remis ses effets personnels dans un petit carton Raja : un câble jaune type CMR/ type CMG, le cordon d’alimentation électrique et la cartouche C4127X CE. Il n’y avait plus d’espoir, plus d’issue, plus rien à faire, c’était le four. C’est compliqué d’aller dans le sens inverse du monde, souvent on est triste, parfois en colère, on lutte on se résigne on résiste on lâche. La victoire est rare. J’adorais cette imprimante, elle était increvable, tous ceux qui ont eu la même le savent : une HP 4000 N, on change la cartouche tous les deux ou trois ans et elle imprime sans broncher, parfois on ouvre les tiroirs et les petites portes par-ci par-là pour remédier à un bourrage papier, elle repart et puis c’est tout. C’était l’imprimante la plus économique que je connaisse. François, mon beau-père médecin, me l’avait donnée quand il est parti à la retraite en 2012. Après les ordonnances, elle a imprimé les BAT des 19 livres Non standard, les devoirs de mes enfants, des milliers de factures, tant d’étiquettes Colissimo et mes dossiers. J’ai tout essayé pour la sauver : deux cartouches neuves, des tutos, des cotons tiges avec alcool, les réparateurs officiels cinq étoiles dans Google, j’ai pris un abonnement Darty Max sans réaliser que je m’engageais, j’ai sollicité un copain de mon fils diplômé en Maintenance et super doué, un réparateur alternatif et même le vieux geek François, en vain. J’étais prête à payer cher, plus cher qu’une neuve dernier cri. Son principal défaut : elle est trop vieille, Madame. On est malheureux quand on n’aime pas gâcher. Il ne me reste plus qu’à chercher la même d’occasion en guise de consolation. Bonne rentrée.