ISSN : 2266-6060

Voisinage

chuchoter

Paris, juin 2012.

Longtemps, il n’y eut à Paris que très peu de salles de concert par rapport à d’autres capitales européennes : matériel sonore défaillant, absence d’autorisation de la préfecture, manque d’intermédiaires de marché ou encore interdiction du territoire pour les musiciens, les amateurs de rock devaient aller à Londres ou à Bruxelles pour voir leurs artistes préférés.
Depuis les années 1980, les petites salles se sont multipliées, accueillant différents publics dans des endroits autrefois réservés à l’habitation. Dès lors, Les normes d’insonorisation qui s’appliquent à ces lieux sont drastiques et nul, depuis les bâtiments alentours, ne pourrait identifier les musiciens qui sont à l’oeuvre. Mais il existe une zone intermédiaire problématique entre l’espace confiné des salles et l’espace privé du voisinage : l’espace public, le trottoir où stationnent ceux qui viennent de sortir, s’embrassant, mangeant et buvant, fumant, parlant, au risque de déranger ces voisins qui n’ont pas partagé cette expérience musicale.
Contre cette nuisance par rebond, il existe des solutions radicales comme la fermeture des salles, transformant Paris en ville morte. D’autres solutions portent la marque du compromis : exiger le silence d’une foule excitée par la musique et dont la sensibilité auditive est diminuée n’est pas raisonnable, mais demander à tous ces récents spectateurs de chuchoter devrait les amener à parler à peu près normalement.



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