ISSN : 2266-6060

Entités, épisode 1. Restrictions

Toulouse. Juillet 2009.

Les espaces publics sont par définition ouverts à la circulation. Tout un chacun est à même de s’y rendre, de les traverser, d’y prendre place pour un temps plus ou moins long. C’est en tout cas le principe philosophique et moral qui fonde la valeur de leur publicité. Lorsqu’on passe des espaces aux lieux concrets, les choses se compliquent. Peu rendent finalement possible la pleine expression d’un tel principe de publicité. L’ouverture à la diversité, aussi large soit-elle, met bien souvent de côté et relègue à la marge certaines entités. Cette opération passe par la fabrique de seuils qui sont rendus plus ou moins visibles.
Dans un lieu fermé, la circulation est limitée par la configuration architecturale du bâtiment. À la manière d’innombrables autres sites, le seuil consiste en une distinction spatiale. « Ici » et « ailleurs » se distinguent par une unique porte à franchir. C’est aussi simple que cela. Pas si sûr. Le panneau fixé au mur annonce une restriction. Toute personne est bienvenue du moment qu’elle reste… un être humain. Car, on le sait bien, un humain-avec-des-rollers ou un humain-avec-un-vélo n’est plus tout à fait un humain. C’est une personne équipée. Un humain avec une prothèse. Un assemblage hybride que l’on peut mettre sur le même plan que les animaux. La comparaison peut surprendre. L’effet de seuil produit par le panneau est quant à lui limpide : il n’est pas spatial, mais anthropologique.



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