ISSN : 2266-6060

Copie

scooter sign

Boulogne, juin 2012.

Les panneaux de circulation sont des outils efficaces. Ils réparent une faiblesse importante de la loi qui, bien qu’écrite et reproduite dans peu de documents, est supposée connue de tous. Même si le Web a changé beaucoup de choses dans le domaine en donnant potentiellement accès à tous les textes de loi, le Droit reste à disposition de deux manières beaucoup plus ordinaires, à côté, voire en deça des textes. L’une de ces versions s’actualise dans ce que des personnes vous en disent. Quand celles-ci sont des officiers de police, vous êtes supposés leur faire confiance, mais lorsque ce sont vos voisins, les choses sont un peu plus compliquées. C’est complètement différent lorsque le Droit est rappelé par des panneaux qui nous donnent toutes les informations nécessaires pour se comporter correctement. Une part de la force de ces signes réside dans la traduction sémiotique par laquelle les détails juridiques sont condensés et affichés dans des formes conventionnelles très simples. Elle tient aussi dans leur emplacement même. Les panneaux de circulation marquent un lieu par leur présence, leur apportant une qualification juridique. Aucun véhicule n’est autorisé sur cette portion de rue, hormis les vélos ; vous ne pouvez pas tourner à gauche à ce carrefour. Les panneaux mettent le Droit en place et inscrivent les places dans le Droit.
On le comprend bien dès qu’ils viennent à manquer. Sans aucun panneau, les espaces deviennent confus (deviennent libres diraient certains). Devant ce bâtiment qui abrite de grandes institution publique, quelqu’un a trouvé un moyen de palier le manque de panneaux en plaçant une photocopie sur chaque deux-roues garé sur le trottoir. En faisant cela, il a joué sur les deux aspects des signes : leur réplicabilité et leur spatialité. Mais ces signes-là installent-ils le Droit de la même manière qu’un panneau ? Peut-on les croire ? Pas si sûr. C’est que sans doute, il y a quelque chose d’autres dans les panneaux. Leur caractère obligatoire ne tient pas dans le seul mandat qu’ils ont acquis, mais aussi dans celui des personnes qui sont en charge de leur installation. Si l’obligation est difficile à sentir dans une photocopie, c’est qu’elle passe par ce double mandat, social et matériel.



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