ISSN : 2266-6060

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Londres, mai 2025.

Je venais de sortir des tunnels de l’Eurostar pour entrer dans la galerie marchande de Saint-Pacras. Au milieu de la foule, un homme concentré regardait sans cesse son téléphone. Ses mains fouillaient avec précision les cordes du piano ouvert pour les régler à nouveau. 88 touches à traiter, une par une, dans un indescriptible brouhaha. Mais comment pouvait-il seulement entendre le son des notes qu’il frappait de sa main non gantée ?
Je me suis approché pour le comprendre. Sur l’écran, le clavier du piano droit reproduit en bas et diverses inscriptions dont celle, en plein centre de l’écriture anglaise des notes: A6, B6, C6 se succèdent rapidement. Il n’écoute pas le son qu’il produit d’un doigt de sa main gauche (le pouvait-il seulement ?), mais associe le visuel des harmoniques de la note sur son téléphone avec la sensation des doigts de sa main droite gantée sur la corde pour les tendre ou les détendre.
Que les amateurs de piano de gare jouent bien ou pas n’a pas grande importance du moment que le piano, lui, sonne juste.



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