ISSN : 2266-6060

Plus jamais ça

Juillac, août 2009.

Pour tenter d’encadrer l’action des autres, voire de la contraindre, il y a entre le post-it et le panneau officiel une multitude de formats possibles. Le panneau fait à la main est un classique, qui plus est sur les portes de garage. Voilà un support hybride qui demeure un instrument de passage, par lequel on organise les circulations, mais où ce que l’on affiche semble pouvoir rayonner un peu plus que les portes dédiées aux seuls piétons. Sur lui, l’écrit déborde. Il va un peu sur le trottoir, il vise parfois la rue. La porte de garage s’inscrit dans un espace déjà un peu public et l’affubler d’un panneau, c’est souvent tenter de produire une petite loi. Une interdiction qui ait un peu de force, quitte à l’associer à une menace potentielle : la silhouette d’un véhicule de la fourrière, par exemple.
L’exercice est loin d’être convenu et le scriptopolien au regard aiguisé s’émerveille régulièrement de l’inventivité des écrivains de portail. Mais parfois, c’est l’afficheur lui-même qui semble débordé par les innovations des passants à qui il s’adresse. C’est qu’on peut en faire des choses « devant le garage » : se garer, bien sûr ; peindre, éventuellement ; tenter de dissuader son amoureux de partir à la guerre (pour les fidèles à Jacques Demy) ; et même uriner. On imagine à la lecture de ce panneau dans un village de Corrèze une vague d’habitués qui viennent se soulager presque tous les jours au nez et à la barbe du propriétaire des lieux. On imagine aussi, en cas de flagrant délit, ce que la poursuite promise aurait de dissuasive.



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