ISSN : 2266-6060

Les livres à venir

UFRJ, Centre-ville, Rio-de-Janeiro. Octobre 2009.

La difficulté avec l’installation d’une étagère de bibliothèque ne résulte pas seulement de la pose horizontale des planches, ni même dans le choix du bon écartement entre chacune d’elles. Le véritable risque d’une étagère c’est qu’elle soit à peine montée, déjà pleine. C’est le désagréable constat que j’ai fait il y a peu dans le petit bureau de mon nouvel appartement. Laisser de la place libre, l’anticiper en construisant une bibliothèque plus haute, plus large, c’est se projeter dans l’écrit à venir : le livre qui ne vous fera pas fermer l’œil de la nuit, la thèse qui va révolutionner ce domaine de la discipline ou encore ces ouvrages que vos amis auront la bonne idée d’écrire… Bref, une bibliothèque avec des espaces libres est réjouissante, elle dit des possibles, elle témoigne d’un souci de ce qui va advenir.
Dans la salle de séminaire du département d’Histoire de l’Université Fédérale de Rio-de-Janeiro, je suis saisi par les deux étagères qui me font face alors que je commence mon séminaire : le rayonnage des thèses et celui des mémoires de maîtrise attend de nouveaux travaux d’étudiants ; il les attend comme un espoir ; je songe tristement à ces rayonnages pleins à craquer de nos centres de recherches en France ; je pense à la faible place qu’on fait ces milliers de pages rédigées dans la douleur et l’effort. Je rêve d’une bibliothèque sur un nouveau campus dans le nord de Paris où les étagères seraient à moitié vide, non par économie : par espoir.



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