ISSN : 2266-6060

À l’ombre du stade

L’invité du vendredi : Etienne Bellan-Huchery

Paris, février 2010.

En matière de discours sur le sport, la métaphore guerrière est omniprésente. Elle est très souvent utilisée, dans la presse spécialisée en particulier, jusqu’à devenir un élément banal du langage sportif. Comme toute métaphore surexploitée, elle perd de son efficacité au point de ne plus provoquer aucune réaction chez celui qui la subit, en l’occurrence ici, le Parisien qui lit une publicité en se promenant sur les Champs-Élysées.

Pourquoi mettre en parallèle deux mondes qui n’ont a priori pas la même finalité ? D’un côté la guerre dont le but est d’éliminer l’adversaire, de le tuer, de l’autre le sport dont la fonction première est de se dépenser ou de se divertir selon que l’on est acteur ou spectateur.
Mais le sport, dans nos sociétés occidentales, dépasse aujourd’hui largement le cadre de ses compétences initiales. A travers le sport « médiatisé » et donc personnifié, à l’opposé du sport « pratiqué » par la masse et donc anonyme, la société toute entière projette, entre autres, ses fantasmes d’affrontement et de lutte.

Le 28 février 2010, en marge de la rencontre de championnat de France de football entre l’Olympique de Marseille et le Paris-Saint-Germain, un supporter parisien âgé de 37 ans était laissé pour mort suite à une rixe avec une bande rivale. Ce supporter décédait quelques semaines plus tard. Sa vie s’est arrêtée là, pour les autres le combat continue.



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