ISSN : 2266-6060

Vue de l’esprit

Paris, avril 2010.

Le rendez-vous est dans quelques minutes. Ça fait plusieurs jours que nous l’avons pris maintenant. Je ne l’ai vu qu’une fois avant. C’était lors d’un colloque et j’ai été complètement ébloui. Sa manière d’exposer clairement et simplement des idées apparemment complexes, de relier des éléments factuels à des enjeux théoriques que je ne comprends qu’à moitié, sa façon de traiter des thèmes dont je me sens proche, tout ces éléments m’ont convaincu : c’est bien avec cette personne que je souhaiterais m’inscrire en thèse. Reste à la convaincre… Je m’approche du lieu de rendez-vous. Je traverse le couloir où s’enchaînent des bureaux occupés par différentes équipes de recherche. La pression monte et je me remémore une dernière fois les points de mon argumentation.
Mais face au bureau, surprise : c’est une pile de livres qui occupe le fauteuil à la place d’une personne. Déçu, je pense d’abord à un lapin. Scrutant plus attentivement ce fauteuil fait bibliothèque, j’imagine ensuite un défi posé par ces livres à l’ampleur de mon ignorance. Puis, il me vient une vision. Et si mon interlocuteur était là, assis face à moi, m’offrant un accès transparent à ce qui le définit comme une éminence académique : une synthèse de savoirs accumulés pendant de nombreuses années… Troublé par la situation, j’en oublie presque l’importance de ce rendez-vous. Une seule chose demeure cruciale : comprendre les couches d’écrits et d’inscriptions qui portent chacun d’entre nous à l’existence.



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