ISSN : 2266-6060

Interdisciplinarités


Paris, septembre 2019.

Il n’y a pas que dans la recherche que l’interdisciplinarité est devenue un mot d’ordre au sens le plus strict, c’est-à-dire non pas un commandement, mais un ensemble d’actions liées à des énoncés par une « obligation sociale » — en l’espèce, l’exigence pour les différentes professions de s’articuler afin d’appréhender les sujets (au hasard, le changement climatique) dans la pluralité de leurs dimensions. Dans les arts vivants, le mélange des genres de la musique, du théâtre et de la danse est déjà ancien. Les conservatoires initient les danseuses classiques au chant lyrique et la pratique du piano est encouragée. Au fil des distributions, les comédiens sont appelés à se former aux arts du cirque ou à suivre des cours de chant. Toutes et tous sont également amenés à collaborer avec d’autres professionnels pour écrire une partition commune.
Mais il n’est pas uniquement question de partition ou de scénario. Le dialogue, la confrontation des esthétiques ou l’emprunt des méthodes passent, entre autres, par une multitude d’opérations scripturales moins prestigieuses et parfois plus visibles. Par exemple, le tracé de ces marques carrées sur la scène indique aux cadreurs — derniers arrivants dans le grand bain des spectacles vivants — où positionner leur caméra pour filmer les comédiens et transmettre leurs prises de vues sur le grand écran positionné au-dessus de la scène, tandis que les triangles signalent aux machinistes où déplacer les décors que suivent les éclairagistes, les acteurs et les cadreurs. La réussite du spectacle tient dans leur capacité collective à s’orienter dans cette forêt de tracés de l’interdisciplinarité qui bouleverse l’esthétique de la scène en même temps qu’elle redessine les mouvements sur le plateau et dans les coulisses.



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