ISSN : 2266-6060

Frontières

frontière

Alpes du Nord, février 2017.

Au-dessus de la mer de nuages, le ciel est bleu et les pistes ne sont pas noires de monde. Hantise des skieurs une fois la pente dévalée, la queue au télésiège demeure limitée en cette période supposée d’affluence. Les forfaits sans contact et les bornes à tourniquet permettent une avancée rapide du flux, ayant depuis longtemps remplacé l’identification du skieur et la vérification visuelle de la validité du précieux sésame. Mais c’est une autre contrainte, inattendue, qui apparaît sur notre chemin balisé : le domaine s’étend sur deux pays et on nous apprend donc la nécessité de pouvoir être identifié par un document officiel.
Y aurait-il du trafic de devises par les stations, des filières de migration à ski, ou est-ce le simple rappel, au-delà de la blancheur uniformément environnante, que la frontière demeure une institution centrale de notre espace politique ? Nous entendons autour de nous de l’étonnement, certains avouent ne pas avoir leurs papiers sur eux mais montent quand même. Pourtant, une fois en haut, nulle barrière et aucun douanier à l’horizon : les skis glissent dans la neige fraîche, semblant indifférents au pays qu’ils dévalent ainsi.



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