ISSN : 2266-6060

Étincelles

Paris, mars 2010.

Ils nous répètent à longueur de journée combien l’écriture est un geste intime. Ils nous expliquent combien elle est une forme d’expression de personnes à part. Ils en concluent que celles-ci savent, contrairement à la majorité des autres, affirmer tout leur être dans l’assemblage de mots. On touche ici à la spécificité de la conception littéraire de l’écriture. Celle-là même qui fonde les envolées les plus radicales sur la définition du génie individuel. Ils nous disent que l’écriture, l’unique digne de ce nom, véhicule un style, manifeste une personnalité. Être dans son écriture : inscrire une idée originale et lumineuse dans la matière, imprégner les mots de sa propre singularité, déposer son empreinte dans la consistance même de l’écrit.

Loin d’être utopique, cette définition est au fondement du droit d’auteur, élaboré en 1710 en Angleterre et en 1793 en France. Elle évacue toutefois bien d’autres situations où l’on est également dans l’écrit. Une scène de réparation suffit pour s’en convaincre. Ici que fait-il si ce n’est engager son corps dans cet assemblage de câbles électriques et de néons ? Que fait-il si ce n’est mobiliser des savoirs acquis au fil des expériences ? Que fait-il si ce n’est mettre les mains à l’intérieur même de cette machine à écrire particulière ? À coup sur, ils nous diront que la différence est radicale avec un exercice littéraire. Ce n’est pas un écrivain, mais un simple électricien. Certes. Pourtant le rapprochement reste possible : en réparant les branchements, il n’exprime peut-être pas d’idées lumineuses, mais en mobilisant son être, il fait tout pour que l’écrit s’illumine.



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