ISSN : 2266-6060

Effets personnels

Paris, août 2011.

Je rentre dans cette boutique et je commence à regarder différents articles exposés sur les présentoirs. J’ai pris soin de choisir un créneau horaire plutôt favorable : ce n’est pas un jour d’affluence. Je peux donc prendre le temps de glaner et d’essayer divers vêtements sans avoir à attendre, ni à subir un quelconque stress. Une fois que j’ai choisi plusieurs articles, je me dirige vers une cabine d’essayage. Situation courante pour enfiler un pantalon et, face au miroir, estimer la manière dont il correspond à l’identité que je projette de moi-même. Pourtant, c’est une toute autre préoccupation qui prend le dessus lorsque j’entre dans la cabine.
Face à cette affiche, le scriptopolien est littéralement saisi. En priant les clients de “ne rien laisser en cabine”, l’inscription fait appel à une considération morale pour les suivants. Rien d’étonnant. C’est en revanche la liste des items qui surprend. En cabine les articles sont dans un état d’incertitude : ils n’appartiennent presque plus au magasin et ils ne sont pas encore au client. Mais que viennent donc faire les “tags” dans cette affaire ? Ils font virtuellement partie de cet ensemble d’objets identifiables au moi, cette “identity kit” chère à Goffman. Et, au même titre que tout autre effet personnel, que l’on juge indispensable de transporter sur soi en toutes circonstances, ils doivent nécessairement quitter la cabine.



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