ISSN : 2266-6060

Colloque singulier

Montpellier, décembre 2019.

Dans cette réserve encombrée du bloc opératoire, les chirurgiens s’entrainent à manier leur nouveau robot paré de mille vertus. Autour de ce surprenant agencement homme-machine, on a entassé du matériel médical que l’on ne savait plus où stocker : la petite voiture électrique que conduisent les enfants pour aller jusqu’à la salle d’opération, un brancard ou encore « Golgoth Ier », un injecteur coloré. Contre le mur, une étagère métallique témoigne d’un temps où elle servait à ordonner les instruments au cours des opérations. Quelle n’est pas ma surprise en lisant sur ses étiquettes : « injection graisse sourcil », « épaule/membre sup. 1 », « autres fragments », « lipostructure »… et surtout « tatouage » ! Oui, bien sûr, en voyant ce classement, il paraît évident que la présence d’inscriptions sur nos corps impose aux chirurgiens des contournements, des détours et des découpes qui font de chaque intervention une singularité, que l’on ne saurait rabattre sur les symptômes d’une pathologie traitée par des techniciens.
Qui sait comment les robots (supposés être moins invasifs que les chirurgiens qui piloteront à distance des patients endormis) viendront transformer la prise en compte de cette singularité ?



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