ISSN : 2266-6060

Nous et eux

Boston, juin 2011.

Parmi les divers domaines du savoir scientifique, l’anthropologie est certainement un qui importe. Elle pose des questions fondamentales : qui sont les êtres humains ? Quelles sont les dimensions structurales de la nature humaine au-delà des diversités culturelles ? Quels sont les principaux régimes d’échange qui régulent la (re)production de toute société ? Ces questions ont accompagné la fabuleuse découverte de nouvelles tribus, leurs rituels et leurs façons de vivre si particulières. La beauté de l’exotisme et la fascination pour les autres cultures étaient à leur comble. Autrement dit, ces sociétés éloignées étaient en quelque sorte perçues comme la réalisation de l’idéal communautaire.
Une fois de retour en occident, les anthropologues se sont mis à étudier toutes sortes de groupes ayant des pratiques dites folkloriques. Une autre forme d’exotisme était au rendez-vous, mais l’anthropologie a progressivement perdu de sa superbe. Ce grand magasin le montre clairement à sa manière. Il vend divers produits manufacturés, notamment des vêtements et des objets de décoration en provenance de différents pays. Il dit la place qu’occupe désormais l’anthropologie chez “nous”. Elle est devenue un simple lieu renfermant quelques objets et vestiges à vendre. Ou peut-être a-t-elle été toujours cela : un moyen d’étudier les êtres humains en stockant et en exposant “leurs” objets dans “nos” lieux de représentation, un outil pour mettre l’accent sur les relations humaines tout en déplaçant des objets d’un endroit (“leurs” esprits) à un autre (“nos” objets de contemplation). Ce magasin rappelle finalement combien l’anthropologie a d’abord émergé en étroite collaboration avec le colonialisme et les entreprises missionnaires.



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