ISSN : 2266-6060

Non

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Paris, octobre 2014.

Nous avons vu récemment qu’il y avait dans les formulaires une discipline de l’écriture. Les formes, les tracés et les couleurs doivent se plier à certaines conventions pour que l’instrument fonctionne pleinement. L’autre versant de la force des formulaires est évidemment qu’ils constituent un cadre de structuration a priori de l’information. À mi chemin entre la liste et le tableau, ils répartissent dans l’espace des termes, des phrases et concentrent l’attention des écrivants et des futurs lecteurs sur des zones restreintes. Cette organisation spatiale de l’information fonctionne par ailleurs sous le mode du choix et des options. Cochez la (ou les) cases correspondante(s) à votre situation. Cette évidence se fait particulièrement sentir dans les cas où elle fait défaut.
Comment devions-nous prendre cette petite fiche qu’il nous fallait remplir et donner signée à notre fils ? Comment comprendre cette unique case à cocher qui stipulait que nous acceptions de recevoir des sms de la part du collège ? L’absence de case « nous n’acceptons pas » vaut-elle pour le présupposé que cette incroyable avancée que représentent les cahiers d’appel numérisés et l’automatisation de l’envoi d’un message dès les premières cinq minutes d’absence de l’élève (car c’est bien de cela qu’il s’agit), est une chose à laquelle on serait évidemment favorable. Un bien en soi, une avancée, un progrès si important qu’on n’a même pas envisagé la possibilité qu’on puisse y résister.
En accord avec notre fils, hilare et ravi, nous avons fait la seule chose qui nous semblait raisonnable : nous avons dessiné une case cochée au-dessus de l’unique proposée, inscrit à côté « nous n’acceptons pas de recevoir des SMS », et signé dans l’espace prévu à cet effet. Comme quoi, les formulaires ne structurent jamais tout seuls et ne disciplinent jamais complètement.



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