ISSN : 2266-6060

Meilleurs vœux

bestwishes

Paris, décembre 2013.

Bonne année ! C’est le moment des bonnes résolutions, celui des grandes décisions. On n’hésite pas à se projeter dans l’avenir, on se risque à faire des annonces en public. Ces promesses devant témoins s’adressent généralement à soi-même. En formulant des vœux à voix haute, chacun s’engage à faire son possible pour qu’ils soient exaucés. À l’image de n’importe quelle formule magique, le simple fait de proférer des paroles transforme déjà un peu l’état du locuteur et du monde renouvelé dans lequel il s’engage. On est ici dans cette performance particulière, dans ces moments où dire quelque chose, c’est le faire dans le même mouvement. Que se passe-t-il lorsque la formule écrite est modifiée ? Est-elle encore valide et efficace ? Les vœux formulés pour un « anniversaire » sont-ils équivalents à ceux prévus pour « Noël » ? À l’écrit, l’écart à toute procédure est d’autant plus visible qu’il laisse des traces. On peut voir dans ce remplacement le geste d’un farceur ou d’un pingre. Plus subtilement, c’est toute la fragilité des prêt-à-écrire qu’y se dérobe : avec l’épuisement du stock de cartes de vœux disponibles, on réalise qu’avec un petit arrangement l’une peut finalement bien valoir les autres. La malléabilité de l’écriture n’entache pas pour autant la performance. Elle renforce même le pouvoir d’une inscription, aussi anodine soit-elle. Car après tout, c’est bien le petit mot personnalisé de ton grand-père, accompagnant cette formule sur l’autre page, qui compte le plus.



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