ISSN : 2266-6060

Leçon d’écriture, épisode 2. Écrire pour grandir

Venise. Été 2009.

L’enfant très jeune ne cesse d’être sollicité par des invitations à l’écriture. À l’école, il y a cette pile de feuilles blanches et le pot de feutres qui chaque matin cherchent à tenter le petit écolier comme la collation sucrée aujourd’hui interdite. Et puis ardoises, tableau velleda et autres sont autant de pièges à écriture qui jalonnent le parcours de l’enfant. L’impératif scolaire peut parfois se doubler d’un impératif familial : « Tu ne seras un homme mon fils que quand tu écriras comme ton père et ton grand-père ! Car chez nous les hommes ont un pénis certes mais aussi un stylo ! »
Le garçonnet ne se cache donc pas pour écrire ; il a compris qu’il était même essentiel de donner à voir l’acte d’écriture et son produit. « Il fait ses devoirs », « écrit des livres », « compose de la musique ». Il écrit à tout vent comme ici dans une ruelle de Venise, en courant, entre deux glaces !
Cette obsession d’écriture a un coût… il faut fournir en papier… des carnets toujours plus épais qui tiennent bien en main. Chez lui, nul souci de conservation : la feuille noircie est immédiatement arrachée (de là un goût prononcé pour les carnets à spirale). Est-ce parce que son premier support fut ses tableaux magiques sur lesquels on dessine avec un stylet et qu’on efface d’un simple geste ? Reste qu’à chaque instant il me donne une belle et joyeuse leçon d’écriture.



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