ISSN : 2266-6060

Le néon

SCRIPTONEONSIDA

New York, aout 2010.

On est venu visiter le nouveau musée d’art contemporain ; l’architecte a dessiné un bâtiment qui ressemble à une pile de cubes en équilibre ; c’est beau. On entre, on prend un billet, et commence la visite. En descendant vers le premier espace, dans l’escalier, sur le mur, cette inscription lumineuse. Elle nous fait face. Elle semble être éclairée jour et nuit ; elle dégage un halo de chaleur. Elle s’anime soudain ; il y a d’abord cette première scène : on voit passer un petit groupe de jeunes hommes portant un tee shirt avec les mêmes mots, agencés de la même façon, ils ont des sifflets, ils s’allongent sur le sol de l’avenue et soudain s’immobilisent dans un silence de mort. Quelques minutes plus tard, ils se relèvent, vont jusque devant un grand bâtiment, luxueux immeuble, siège d’une compagnie pharmaceutique ; quand d’une voiture sombre sort un homme en costume gris, ils le désignent du doigt, et exhibent fièrement les panneaux noir et blanc qu’ils ont confectionnés pour dénoncer le cynisme avec lequel la firme traite les malades.

En regardant le néon, une seconde scène apparaît ; cette fois, « Silence = Death » a été cousu sur un grand rectangle de tissu, un patchwork ; il y a le prénom d’un homme : Gilles. Cousu à ce premier rectangle, tant d’autres morceaux de textile avec un prénom : Pierre, Hervé, Michael… Des hommes en blanc déploient le grand panneau dans un rituel sobre et beau. C’est décembre, il fait froid. C’est notre jour des morts. La pyramide renfermait un tombeau.



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