ISSN : 2266-6060

La verrue

litiges

Paris, novembre 2013.

L’achat et la vente de tickets ont connu une sacrée révolution avec l’avènement des réservations en ligne. Non seulement vous pouvez aujourd’hui en commander un pour un concert ou un film directement de votre chambre, mais vous pouvez aussi (et parfois même vous devez) le produire vous-même. Qu’est-ce que ça change, me direz-vous ? J’imprime mes billets, ça n’est pas la fin du monde. Juste un bon moyen de simplifier un processus compliqué. C’est le principe du progrès, non ? Plus besoin d’aller les récupérer au guichet, plus besoin de surveiller la boîte aux lettres tous les jours en espérant qu’ils ne se sont pas perdus quelque part au milieu du réseau postal.
Mais est-on certain que c’est plus facile ? Quelques-uns ont déjà souligné que ce type d’arrangements pouvaient être considérés comme une mise au travail des clients, et donc un moyen de se débarrasser de certains emplois. C’est un aspect important de ce « progrès ».
Mais il y a plus. Si vous n’avez plus besoin de faire confiance à votre facteur, vous avez en revanche besoin de faire confiance à votre imprimante, espérer qu’elle ne va pas vous lâcher et prier qu’elle vous donne un joli ticket fait maison au moment voulu. De l’autre côté, les organisateurs, qui ils soient, doivent faire confiance à un tas de nouveaux outils qui les assurent que la feuille ordinaire que vous leur tendez est un vrai ticket et non une copie. Oui, c’est une copie, évidemment, mais vous voyez ce que je veux dire. Si certains personnages ont été effacés de l’image, de nouveaux, largement automatisés, sont donc apparus. Cependant, le nouveau réseau qui permet d’aligner le moment où vous payez et le moment où vous pouvez effectivement entrer dans la salle n’est complètement fluide qu’en théorie. Certains maillons de la chaîne sont fragiles et lorsque les pannes se multiplient (comme c’est vraisemblablement le cas ici), il faut inventer un nouveau dispositif qui soit capable de gérer les litiges qui ne manquent pas d’émerger chaque fois que l’un des lecteurs automatiques n’est pas fichu de reconnaître le code-barre que votre imprimante a inscrit sur votre papier.
Soyez certains que si j’en avais eu le temps, j’aurais passé quelques heures à observer de près comment cette verrue dans le réseau se débrouille effectivement pour trouver une solution, sans doute en faisant le genre de trucs que font les humains : crier, sourire, peut-être même pleurer. Mais Nick Cave m’attendait à l’intérieur, je n’allais quand même pas le rater.



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