ISSN : 2266-6060

Le travail

travail

 

Paris, août 2015.

Où et quand travaillons-nous ? Cette question très simple est aujourd’hui au cœur de vastes débats. Pas seulement parce qu’un grand nombre de travailleurs disposent d’un ordinateur portable qui leur permet de traiter leurs e-mails à la maison après dîner ou pendant le petit déjeuner, mais aussi parce que ces temps-ci, la définition même du travail semble évoluer. Par exemple, certains défendent l’idée que publier un billet sur Facebook, ou écrire un commentaire sur le site d’Amazon revient à travailler, puisque les deux entreprises sont capables d’extraire de la valeur de ces opérations. Le succès des GAFA reposerait ainsi essentiellement sur une vaste machinerie de « digital labor, » grâce à laquelle les usagers qui pensent s’amuser ou profiter d’un service sont en fait inconsciemment exploités. D’autres soutiennent que lorsque vous rapportez votre meuble Ikea chez vous et que vous l’assemblez vous-même, vous travaillez aussi. Est-ce que cette activité crée plus de valeur ajoutée que lorsque vous payiez pour la livraison du produit fini et preniez une demi-journée de congés pour l’attendre ? Boh, difficile à dire. Mais une fois que vous avez été confronté à ce genre d’idées, il est compliqué de ne pas voir du travail là où vous n’en voyiez pas auparavant. Et quand au restaurant le serveur vous apporte le menu en lui joignant une feuille blanche sur laquelle vous êtes supposé inscrire votre commande, vous ne pouvez pas vous empêcher de penser qu’il vous demande de faire une partie de son travail. Puis, à nouveau, vous doutez. Vous avez tellement faim. Peut-être que le temps que cela vous fera gagner vaut le coup.


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