ISSN : 2266-6060

Sortir du doute

exitparteree

Trento, septembre 2010.

Quoi de plus simple que de suivre une indication de sortie ? Ils sont tellement nombreux, ces panneaux. Nous avons pris leur pli depuis bien longtemps, capables d’y avoir recours même en cas de panique. On sait bien d’ailleurs que ça n’est pas le panneau lui-même qui nous fait agir, mais le lien qu’il entretient avec l’environnement. C’est son emplacement, qui donne un sens à la flèche qu’il affiche, qui nous aide à sortir. Mais certaines situations nous laissent entrevoir encore d’autres ressources. Il ne suffit pas que le panneau indique effectivement, fonctionnellement, un lieu à partir d’un autre pour qu’on le suive sans faillir. Tout simplement parce que l’on ne sait pas à l’avance s’il indique véritablement la bonne direction. Il faut surtout que l’on ne soit pas complètement surpris par la place qu’il tient. Il faut que l’on ait confiance en elle.

Ce jour là, un dimanche, dans une université italienne déserte, le signe « exit » s’est transformé en signe « stop ». Face à lui, nous nous sommes arrêtés, français, anglais, américains, traversant pour la première fois ces couloirs. Par terre, le panneau de sortie n’avait plus rien d’une évidence. Mais pourquoi ? Mettions nous en doute son emplacement ? Peut-être, mais à quoi tenaient, si l’on peut dire, ses doutes ? Moins à sa place en tant que telle qu’au fait qu’il n’y soit pas fixé. Il lui manquait un scotch, des agraffes qui aurait indiquer l’intention de le placer là. Au sol, libre, ce panneau semblait autonome et il était difficile de lui faire confiance. Avec une attache, on aurait senti une intention, on aurait pu l’appréhender comme un énoncé fiable. Mais là ? Il aurait pu tout aussi bien nous faire une blague, aidé d’un coup de vent qui l’aurait placé là complètement au hasard.

Au lieu de nous aider à avancer, il nous a donc arrêté. Et nous n’avons pu nous résoudre à suivre sa direction que lorsque nous avons vu revenir bredouille les quelques intrépides qui ont essayé de continuer tout droit, trouvant portes closes.



Laisser un commentaire