ISSN : 2266-6060

Les doutes

vraie

Paris, juillet 2014.

Cela fait déjà longtemps que les anthropologues, les sociologues et les historiens ont montré que les représentations jouaient un rôle fondamental en science. Ils nous ont appris que les images, les métaphores, les graphiques n’étaient pas des éléments annexes, qui ne serviraient qu’à décorer les textes scientifiques, mais qu’ils étaient au contraire au centre du travail des chercheurs, le siège même de l’élaboration des connaissances. Faire des sciences, c’est fabriquer et faire circuler des représentations. Dans ce musée dédié à toutes sortes de sciences, on sent bien qu’on n’est pas tout à fait de cet avis. Dans ce cartel, le terme « représentation » semble au contraire être utilisé pour inviter le spectateur à prendre une distance par rapport à ce qu’il regarde. Ça n’est qu’une image, quelque chose qui n’a qu’un lien indirect avec la réalité à laquelle elle renvoie. Une réalité extérieure, une situation, une vérité dont on nous prévient dans un même mouvement qu’elle n’est pas vraiment présente sous nos yeux, mais qu’elle existe bel et bien ailleurs (qu’on pourrait par exemple l’observer à l’issue d’une expérimentation en laboratoire ou avec des instruments spécifiques). L’usage du terme « représentation » s’inscrit donc dans une posture que l’on pourrait qualifier de réaliste.
Mais ce serait faire fi des guillemets qui encadrent l’adjectif « vraie » qui qualifie la situation. Voilà des signes anodins qui compliquent un peu les choses. Cela voudrait-il dire qu’il n’y a-t-il pas de situation véritablement vraie, de situation qui existerait sans représentation ? Mais alors, dans ce cas, ce serait donc en fait la représentation d’une représentation qu’on aurait là sous les yeux. Et les guillemets seraient le moyen de représenter cette vérité. Ou plutôt cette « vérité » ?



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