ISSN : 2266-6060

avis

Juillac, décembre 2018.

Il y a quelques années, certains intellectuels ont décidé d’affubler d’un « 2.0 » le mot Web pour montrer à quel point les pratiques culturelles en ligne étaient en train de changer. Parmi ces mutations, l’explosion expressive des consommateurs était le phénomène le plus marquant. Commentaires, avis, retour sur expérience, critiques, détournements narratifs : celles et ceux que l’on croyait passifs, que l’on imaginait réductibles à des parts de marchés et du temps de cerveau disponible, se révélaient bouillonnants, créatifs, réflexifs et prêts à s’impliquer personnellement pour accompagner un livre, un disque, un film d’une note destinée à aider les futurs consommateurs dans leur choix.
Évidemment, ces pratiques n’étaient pas nouvelles. Elles passaient en revanche plus facilement inaperçues. Cette cassette enregistrée (ancêtre d’une autre pratique associée au numérique, le « piratage ») trouvée dans un vide-grenier corrézien offre, avec sa jaquette affublée d’un « pas trop bien », une occasion de s’en rendre compte. Difficile en revanche de bien comprendre le geste qu’accomplit cette écriture cursive, vraisemblablement tracée d’une main et d’une encre différentes de celles qui ont précisé les titres de chaque face. Qu’est-ce qui exactement, n’est « pas trop bien » ? La cassette dans son ensemble ? Mais comment mettre dans le même panier les concerts de Jean-Michel Jarre et le folklore réunionnais ? Tout cela manque de précision. Et par ailleurs, à qui, précisément, s’adresse ce commentaire critique ? Au premier possesseur, qui aurait trouvé un moyen de se rappeler que cette cassette, qu’il conservait dans un fond de tiroir, ne valait pas le coup d’être réécoutée ? Mais alors, pourquoi la garder ? Ou à l’acheteur potentiel du vide-grenier ? Mais alors, pourquoi la mettre en vente ? C’est finalement exactement pareil qu’avec le web : pour se faire le cœur net, il va falloir écouter soi-même.
Puis rajouter un avis en dessous du premier ?



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